Pour la première fois depuis 2015, le Sénégal s'est arrêté au premier tour d'une coupe du monde de beach soccer ! Un fiasco qui était pourtant prévisible.
Cette campagne est sans doute une grosse désillusion pour le staff et les supporters des Lions. Il faut remonter un peu loin pour voir le Sénégal sortir d'une compétition après seulement trois matchs joués. C'était il y a 9 ans. Le Sénégal, qui est l'équipe africaine ayant le plus participé à la Coupe du Monde (9 fois), s'est arrêté pour la quatrième fois au premier tour en 2008, 2013, 2015 et 2024.
Battu par le Japon (6-4), le Sénégal termine à la 3e place du groupe C avec une seule victoire face à la Colombie. Même scénario qu'en 2015 où les Lions n'ont enregistré qu'une seule victoire et ont perdu lors de leur dernier match face au Japon (4-3).
En juin 2023, huit mois avant le mondial, il y a eu la première alerte. En manque de matchs de préparation, la série d'invincibilité en Afrique (8 ans) a été stoppée , Venu à Hammamet avec l'objectif de conserver son titre de Champion des Jeux Africains de la plage, le Sénégal a perdu la finale devant le Maroc lors de la séance des tirs au but (3-4).
Une défaite en équipe nationale de Beach Soccer, ce n'est pas un fait que l'on peut écrire tous les jours. En dehors des matchs en coupe du monde, le Sénégal avait toujours régné en maître dans le continent africain près d'une décennie. La dernière défaite du Sénégal en finale en Afrique remontait à la CAN 2015 qui s'est déroulée aux Seychelles. Le Sénégal avait perdu la séance des tirs au but devant le Madagascar. A l'époque, Ngalla Sylla était le capitaine de la tanière. Soit une année avant qu'il ne succède à Ibrahima Ndiaye Chita à la tête de l'équipe nationale. Le Sénégal est resté invincible pendant 8 années (2015-2023) soit 4 coupes d'Afrique consécutives remportées dont 3 sous l'ère Sylla.
Pour autant le capitaine des lions Al Seyni Ndiaye avait lancé l'alerte à l'époque « Cela fait 8 mois qu'on n'a pas joué le moindre match, depuis notre finale en Coupe d'Afrique. Au début, il y aura un manque d'automatismes des joueurs. Au fur et à mesure qu'on jouera, on fera de notre mieux » avait fait savoir Al Seyni Ndiaye. Une des grosses faiblesses du Sénégal. Si l'on le compare avec le Maroc, la différence saute à l'œil. Le Maroc a joué deux matchs amicaux (deux victoires) contre la Mauritanie en juin pour préparer Hammamet, en plus de la Coupe arabe de Beach Soccer en mai passé où il s'est arrêté en demi-finale. En mars, les lions de l'Atlas avaient disputé 3 matchs amicaux contre la France. En février, il avait aussi décroché une victoire en amical face aux Émirats Arabes Unis. Pour dire que depuis octobre 2022 avec une 3e place à la Coupe d'Afrique, le Maroc n'avait pas dormi sur ses lauriers et a continué sa belle progression.
Il faut donc dire que cette défaite à Hammamet était vraiment une grosse alerte avant la Coupe du Monde. Quelques mois avant le mondial, le capitaine en avait remis une couche, il avait lancé un énorme cri du cœur concernant la préparation des Lions et espérait des efforts au niveau de la Fédération Sénégalaise de Football. « Notre préparation est moindre. On est un peu en retard sur plusieurs aspects. À cet instant, on devait déjà être en regroupement et avoir beaucoup de matchs amicaux. Si vous regardez bien, on n'a plus joué face à une équipe du top 10 mondial depuis 2021, alors qu'on prétend devenir champions du monde. Ce n'est pas facile. Notre ascendant est en train de baisser parce qu'on est en manque de compétition.
On est à quatre mois de la Coupe du Monde. Plus on aura de matchs amicaux, mieux ce serait. Si on se concentre uniquement sur les entraînements, ce sera très difficile d'atteindre notre objectif. L'équipe est en baisse. Regardez nos deux derniers tournois. On va à la Coupe du Monde, et c'est le haut niveau. On ne doit négliger aucun détail, mais dans ces conditions, ce sera un peu difficile de prétendre au titre de champion du monde.
On lance un appel à la Fédération pour avoir autant de matchs amicaux possibles. Que ce soit le Japon, la Colombie ou le Bélarus, nos adversaires sont en avance sur nous. Ils sont en train de participer à des tournois. Néanmoins, on fera ce qu'on doit faire aux entraînements. J'espère qu'Augustin Senghor et la Fédération feront des efforts. Si on a une bonne préparation, on est capable de gagner la Coupe du Monde. »
En plus de cela, plusieurs techniciens locaux se sont plaints du fait que le coach Mamadou Diallo ne voulait pas renouveler l'équipe vieillissante en s'appuyant sur le championnat local qui a été d'un excellent niveau cette année avec pleins de nouvelles révélations. Certains joueurs de l'équipe nationale se sont aussi plaints du peu de travail tactique qui a été effectué lors de la préparation et que l'accent a été mis uniquement sur le physique. Cela a notamment pu se voir lors des défaites contre le Japon et la Biélorussie où le Sénégal a été tactiquement dépassé, malgré l'arrivée de Claude Barrabé dans le staff, lui qui était le sélectionneur du Madagascar. D’ailleurs, c’est avec lui que les Malgaches ont remporté leur seul titre continental en 2015. Ils avaient battu le Sénégal en finale.
Des changements sont réclamés dans le staff technique national par les acteurs locaux du beach soccer et ses amoureux. Plusieurs techniciens et joueurs militent également pour qu'Ibrahima Badji, qui est un ancien international sénégalais et l'actuel coach du club de l'APLN, prenne les rennes de la sélection nationale. En effet, celui qui est communément appelé "Ibou Diola" est connu pour ses très grandes connaissances tactiques. Il est notamment sorti major de sa promotion lors de la dernière session de formation pour coach de beach soccer organisée au Sénégal. Pour beaucoup, il est le digne successeur de Ngalla Sylla.
En tout cas, des décisions fortes sont attendues avant la prochaine CAN de beach soccer qui aura lieu cette année 2024 en Égypte.
La Tanière
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